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Le "laserprint-stencil"



Parmi toutes les techniques d'impression ou de transfert sur céramique, il existe un procédé très simple que je vous propose d'illustrer par l'exemple. Il faut juste une impression laser noir et blanc et du papier simple.


Je l'ai appelé " laserprint-stencil" parce son principe de fonctionnement rappelle celui du stencil (que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître)...en résumé , c'est utiliser une copie laser comme un stencil, ce qui, dans son acception française, n'est pas exactement un pochoir....


qu'est-ce qu'un stencil ( en français...)?


STENCIL, subst. masc. Papier paraffiné qui, perforé à la machine à écrire (ou à la main avec une molette), sert à la reproduction de textes ou de dessins au moyen d'un duplicateur ou d'une ronéo ...

J'étais encore petite, mais cet ancêtre de la photocopieuse (que l'on appelait polycopieuse ou Roneo) sévissait dans les écoles et les administrations, avec son odeur caractéristique de mélange d'encre, de papier et d'alcool. En gros le procédé consiste à fabriquer une matrice d'impression paraffinée (donc imperméable) , sur laquelle le texte ou le motif venait s'imprimer à l'envers en perforant la matrice (avec un stylo ou une machine à écrire sans ruban) . L'encre passait ensuite à travers ces perforations rendues perméables et se transférait par pression sur les feuilles imbibées d'alcool ( celui-ci diluant juste l'encre nécessaire) . Par ce second effet miroir, l'original était reproduit , dans une encre bleu-violet typique de l'époque...



Notre procédé Laserprint-stencil fonctionne un peu de la même façon:



Si vous regardez de près une impression laser , à lumière rasante, vous voyez bien que les parties noires sont satinées et lisses. C’est parce que (toutes) les imprimantes laser présentent une particularité qui nous intéresse ici : leur toner est thermiquement plastifié à l’impression ( chauffé à 180°), ce qui rend les surfaces noires imperméables : c’est le premier point commun avec le papier paraffiné des stencils qui repoussera l'encre. A contrario, les parties laissées blanches sur le papier sont, elles, poreuses et absorbantes. Elles pourront donc « boire » de l’encre ou de la peinture pour la transférer. Sur notre argile, justement.


Le deuxième point de ressemblance avec le stencil concerne l’impression « miroir ». Comme nous allons nous servir de l’impression laser comme d’un tampon, il convient de préparer notre image d’une manière spécifique :

Ici il s'agit d'un motif de William Morris, artiste britannique du mouvement Arts and Crafts, qui encadre le titre d'un de ses poèmes datant de 1872: "l'amour suffit".

  1. L’image doit être en Noir et Blanc : si elle ne l’est pas d’origine , traitez-là (Word le permet très bien, si vous n’avez pas Photoshop). Modifiez sa couleur, augmentez sa netteté et son contraste. Voyez mon exemple : l’image au départ (dans un camaïeu de bleus) est transformée en Noir et Blanc et améliorée.

  2. Puis cette image va être retournée horizontalement ( miroir) pour que le texte se retrouve à l’endroit après le transfert.

  3. Enfin, comme nous voulons colorier les motifs et non pas les fonds, il faut INVERSER les noirs et blancs. Ce qui est noir reste imperméable et repousse la couleur, ce qui est blanc absorbera les couleurs.



MODE OPERATOIRE:

  1. Quand votre image est prête, imprimez deux ou trois feuilles à la suite pour faire chauffer l'imprimante, et choisissez la dernière . Découpez l'image à la bonne dimension.

  2. Préparez votre plaque d'argile. Pour l'exercice, j'ai utilisé de la Faïence blanche ( F741 chez Céradel). J'ai estimé que mon motif serait plus joli sur un fond clair, mais vous pouvez tester tout ce que vous voulez. Autre raison, selon les couleurs que vous souhaitez obtenir, elles resteront plus vives à basse température...

  3. Ne découpez pas encore votre plaque d'argile dans la forme finale. Vous le ferez quand elle sera juste à l'état cuir, vous pourrez la découper sans la déformer. ( la pose de l'image peut aussi la déformer si vous appuyez trop)

  4. Préparez vos couleurs: le papier a ses limites, sur une petite surface, inutile de fabriquer un engobe épais. En couche fine, on obtiendra un effet aquarelle, voire de gouache. C'est la finesse du motif qui va conditionner l'épaisseur de la couleur. J'ai utilisé les godets de couleurs prêtes à peindre AMACO ( SMUGS), qui se présentent comme de l'aquarelle, se diluent à l'eau et se mélangent entre elles et surtout qui 'tiennent' après la cuisson biscuit. (Certaines couleurs d'autres marques sortent "en poudre" de la cuisson, ne peuvent pas être touchées et sont difficiles à émailler.)



La peinture est facilitée par le fait que le noir est plastifié et "repousse" naturellement la peinture. il faut bien "gorger" et saturer les espaces blancs (ici il y a aussi une bordure unie). je n'ai utilisé qu'une couleur pour les feuilles, mais on peut peindre avec le nombre de couleurs que l'on veut. J'ai juste ponctué le dessin de baies rouges.


Une fois la couleur posée et mate ( mais pas trop sèche ni épaisse, car sinon elle risque de d'écailler et de tomber de la feuille), c'est le moment d'appliquer notre feuille sur l'argile. Deux recommandations:

  1. la plaque doit être encore humide car cette humidité aide au transfert en absorbant la couleur. Si elle est trop sèche, vaporisez de l'eau et laissez-la s'imprégner quelques instants.( un atomiseur donnera des gouttelettes plus fines et régulières). Attention il ne doit pas rester de gouttelettes en surface.

  2. Le transfert doit être appliqué en une seule fois, sans repositionnement, donc placez-le correctement du premier coup. Une fois appliqué, sans utiliser trop de force, avec la pulpe des doigts, "massez-le" doucement pour maximiser le transfert de la couleur. Ne déformez pas la plaque d'argile, cela déformerait aussi votre transfert; une estèque en caoutchouc souple et plate vaut mieux que le dos d'une cuiller, qui peut laisser des creux et des bosses si votre argile est encore malléable. Une éponge humide appliquée au dos du papier peut aider à humidifier, mais ne détrempez pas le papier, il se déchirerait.. Pensez qu'il faut juste "favoriser" l'échange entre les surfaces, le dépôt de votre peinture sur la surface absorbante.

Par un des coins, soulevez doucement et lentement ; il est toujours possible de recoucher le papier pour réappliquer, si vous voyez un détail mal transféré.

Avec un pinceau fin, vous pouvez aussi effectuer de petites retouches avec la peinture. (Ici j'ai notamment retouché les bordures pour les uniformiser davantage. Cessez de le faire quand la plaque sèche, car vous n'aurez plus une image homogène, la couleur sèche pâlit et ternit.

Maintenant vous pouvez découper votre forme, et la laisser sécher soigneusement à plat pour qu'elle ne se déforme pas.


(vous voyez sur cette image les tracés au crayon avant la découpe exacte du rectangle, qui est le couvercle d'une boîte.)

Après la première cuisson biscuit, la plaque est émaillée (trempée à plat en effleurant l'émail versé dans une assiette jusqu'à hauteur de tranche, cela ne perturbe pas le motif) et recuite.



J'aime dans cette technique sa simplicité, son niveau de précision, la facilité de répétition -si vous souhaitez faire une petite série. Vous pouvez transférer très facilement plusieurs couleurs en même temps. Le fini "aquarelle" ou "tampon" est très joli et convient bien au modèle choisi.

Sa limite réside dans son indication, c'est la nécessité de transférer sur la terre crue et humide, pas nécessairement plate, mais avec des précautions pour ne pas déformer le support.



Et voilà. L'amour suffit...




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