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J'aime bien faire des petites recherches, des expériences, des effets de texture, des essais de produits ou de couleurs … mais pourquoi ranger ensuite tout ça au fond d'une boîte dans un tiroir? Plutôt les imaginer comme des objets utilitaires ou, comme ici, des accessoires de mode, au moins on peut en profiter un peu et les porter avec plaisir.
1 er exercice: la barrette. la difficulté était de former une plaque de faïence ( j'essaierai une autre fois pour la porcelaine!) , mais en lui donnant une courbure bien précise. D'habitude, on fait tout pour éviter la déformation de la plaque et on la souhaite bien plate. Cette fois, non, le challenge est de lui faire épouser, -et qu'elle la garde une fois sèche-, la courbe très particulière du dos de cette barrette.
Chaque longueur de barrette d'ailleurs, présente une courbure différente. Il faut que la courbure soit très fidèle, car un bon collage s'obtient par un contact parfait entre la barrette et son décor.
Il faut la "former" avant qu'elle ne soit à l'état cuir, et la "maintenir" en quelque sorte ( tout en douceur sinon elle peut casser en se rétractant). J'ai essayé plusieurs hypothèses, (et cassé la plupart) pour conclure qu'il faut placer la barrette sur la plaque et non l'inverse. Une couche de mousse pour adoucir la pression du poids posé sur le mécanisme. La faïence se rétracte moins que la porcelaine, alors, c'est un peu plus facile. Donc, avec de la patience et de la persévérance, à la fin, ça fonctionne.;;
Encore faut-il la cuire sans qu'elle ne se déforme à nouveau, et des petites soutiens d'argile dans le four, vont l'aider à maintenir sa courbure, en calant les extrémités.
Pour le décor, j'ai une idée facile: j'ai acheté un joli ensemble imprimé d'un motif "potier" (-Nice Things, Barcelona) et je veux assortir mes accessoires à l'inspiration de cette créatrice.
Le motif du chemisier est vert sur fond marine, mais il sera beaucoup plus aisé (et stylé) d'inverser les couleurs: le marine se lira plus facilement sur un fond vert. Faut juste mettre au point le bon vert!
Maintenant, on va tester la peinture sous l'émail (engobes) ( EZ,série Ducan) et un dessin à la plume dessus avant d'émailler. La peinture c'est ok ( la gamme est sympa, très fluide, se mélange bien et permet d'obtenir la tonalité souhaitée, un peu assourdie avant l'émaillage mais fidèle en couleur). Le tesson d'essai montre comment la couverte transparente "révèle" la couleur.
Par contre, la plume par dessus l'engobe, c'est non; le trait est grossier, se charge de poudre, n'a aucune netteté, ne glisse pas. Pas de souci, le dessin sera fait sur l'émail en 3ème feu. Le tesson ci-dessus à droite le prouve: à gauche dans l'essai, le trait de plume posé sous l'émail ( pas facile à tracer) et à droite, le trait au dessus de l'émail.
Après la cuisson de l'émail ( CT9) , le vert est ok. Tracé du décor à la plume, à la main levée, et recuisson à 750°C.
Je me dis que ce genre de décor, très simple et au trait, pourrait également se faire en sgraffitto...ou même en mishima, mais là la contrainte de séchage recourbé doit être encore réfléchi.
Deuxième exercice: la broche.
L'idée à tester : obtenir un double relief, par érosion à l'éponge. J'aime beaucoup le relief obtenu par un masquage acrylique et une érosion par l'eau. Mais la difficulté va être non pas de creuser un relief, mais deux. C'est à dire obtenir un premier et un deuxième plan pour donner l'impression de l'avantage de volume.
Le principe: masquer avec du Mod-Podge (colle acrylique) ou un vernis acrylique la surface d'un motif, et doucement, avec une éponge humide, "éroder " la surface restée libre pour créer un relief.
Double relief : quand le premier relief est terminé et la plaque à nouveau bien sèche, re-masquer ensuite un autre motif, et recommencer (sans abimer le premier plan, que l'on a protégé aussi). Cela va faire ressortir un deuxième plan. Comme on peut le voir ici, il y a trois objets en premier plan et trois en arrière plan, détachés du fond lui même.
Attention, la plaque finit par être très mince, donc de plus en plus fragile. Il faut procéder petit à petit et bien attendre que la zone travaillée soit sèche avant de recommencer.
Et pour finir l'exercice, une idée bizarre: peindre directement avec les émaux Ducan Envision Glazes. Trois couleurs (jaune , bleu, vert) suffisent pour colorier ce petit tableau en les mélangeant et obtenir de jolis camaïeux, au pinceau, et environ deux couches superposées. Sur ces coloris, la couleur préparée est assez fidèle à la couleur obtenue après cuisson. Ce n'est pas le cas avec toutes! En fait, ces émaux se mélangent comme des couleurs d'aquarelle. Les émaux se fixent bien dans les reliefs et accentuent les contours.
Une seule cuisson à 980°C ( ce sont des émaux de Basse Température), ça marche.
Je fixe le mécanisme de la broche au dos de cette-ci et voilà, c'est très léger et les couleurs sont très nuancées.
Test réussi, et j'ai gagné une jolie broche et une barrette assortie à mon pull....Motivant!
et pour les curieuses, le site de Nice Things est ici !
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